Le Finder
L'une des premières fuites de copies d'écran de Léopard des neiges contenait une fenêtre d'aspect anodin "Get Info..." pour le Finder, vraisemblablement pour montrer que le numéro de version avait été mis à jour à 10.6. Le morceau d'information le plus intéressant qu'elle révélait était que le Finder de Léopard des neiges était une application 64 bits.
Le Finder de Mac OS X a commencé son existence comme une application maison pour l'API Carbon permettant une compatibilité rétrograde pour Mac OS X. Avec le temps, le Finder a été une cible fréquente de désagrément et de mépris. Ces mauvais sentiments se sont souvent répandus dans un débat parallèle sur la supériorité des API : Carbon contre Cocoa.
"Le Finder est mauvais parce que c'est une application Carbon. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un Finder Cocoa. Cela va sûrement résoudre tous nos ennuis." Et bien Léopard des neiges contient un Finder 64 bits, et comme nous le savons tous, Carbon n'a pas été porté en 64 bits. Et voilà ! Un Finder Cocao dans Léopard des neiges. (Un peu plus sur les ennuis dans un instant)
La conversion à Cocoa a suivi la formule de Léopard des neiges : pas de nouvelles possibilités... à l'exception d'une ou deux peut-être. Si bien que le "nouveau" Finder Cocoa ressemble à, et fonctionne presque exactement comme, le vieux Finder sous Carbon. L'indicateur le plus net de sa filiation Cocoa est l'utilisation étendue de transitions avec Core Animation. Par exemple, quand une fenêtre du Finder accomplit sa transformation schizophrène depuis une fenêtre du browser décorée d'une barre latérale en une forme de décor minimum, cela ne se fait plus en un coup d'œil. Au lieu de cela, la barre latérale se retire et s'estompe, la barre d'outil se rétrécit, et tout se ratatine pour prendre sa nouvelle forme.
Bien qu'elles passent les bornes dans quelques cas, les transitions de Core Animation font que l'application semble plus finie, eh oui, "plus Cocoa". Et vraisemblablement, l'utilisation de Cocoa a rendu si facile l'addition de nouvelles caractéristiques que les développeurs n'ont pas pu résister, et en ont jeté quelques unes dans la corbeille.
La demande numéro 1 venue des utilisateurs intensifs de la présentation en colonnes a finalement été implémentée : des colonnes qu'on peut trier. L'ordre du tri s'applique à toutes les colonnes à la fois, ce qui n'est pas aussi bien qu'un tri par colonne, mais c'est bien mieux que rien du tout. L'ordre du tri peut être défini à l'aide d'une commande du menu (chacune a un raccourci clavier) ou par un click droit sur un espace inutilisé de la colonne qui permet de choisir dans le menu contextuel qui s'en suit.
Tri de la présentation en colonne par le menu contextuel (à gauche)
Menu de tri de la présentation en colonne (à droite)
Même la présentation par icônes, plus insignifiante, a été améliorée dans Léopard des neiges. Chaque fenêtre d'icônes inclut une petite glissière pour contrôler la taille des icônes.
La vue par icônes du Finder, avec une glissière
Ça peut sembler un peu bizarre -à quelle fréquence les gens changent-ils la taille des icônes ?- mais cela a beaucoup plus d'intérêt dans le contexte de la pré-visualisation d'images dans le Finder. Ce mode d'utilisation est rendu encore plus pertinent avec la récente extension à un maximum de 512 x 512 pixels de la taille des icônes.
La présentation des icônes a été améliorée pour mieux se rapprocher des possibilités disponibles dans QuickLook. Mettez tout cela ensemble, et vous pouvez sans à coups zoomer sur une petite icône PDF, par exemple, jusqu'à une vue haute fidélité impressionnante montrée ci-dessous, avec la possibilité de tourner la page. Une pression sur la barre d'espace, et vous obtenez une vue QuickLook encore plus grande et plus adaptable. C'est une expérience réellement douce.
Des icônes de taille : 512 x 512 pixel pour la visualisation PDF multi-page
Les aperçus QuickTime ont été améliorés de la même façon. Si vous zoomez sur l'icône, il se transforme en un minuscule movie player (joueur de séquences), agrémenté d'un indicateur circulaire de progression . En supposant que les utilisateurs veuillent bien affronter les bizarreries des réglages d'affichage du Finder, jusqu'à réussir à obtenir une vue d'icône qui colle à une fenêtre, ce qui est le plus utile, je pense que cette étrange petite glissière peut se révéler bien utile.
Prévisualisation de QuickTime dasn le Finder
La vue en liste a aussi quelques améliorations - accidentelles, incidentes, ou autre. La zone qui permet de saisir chaque item d'une vue liste s'étend maintenant à toute la ligne. Dans Léopard, bien que la ligne ait été entièrement illuminée, seul le nom de fichier ou l'icône permettait de la saisir. Essayer de déplacer ailleurs ne faisait qu'étendre la sélection à d'autres items de la vue liste à mesure que le curseur se déplaçait. Je ne sais pas si cette modification de comportement est intentionnelle ou seulement une conséquence inattendue du dispositif de contrôle sous-jacent utilisé pour la vue en liste dans le nouveau Finder sous Cocoa. Mais de toute façon, chapeau.
Double-cliquer sur la ligne de séparation entre les entêtes de colonnes dans la vue Liste va ajuster la largeur de colonne. Pour la plupart des colonnes, cela correspond à élargir ou rétrécir la colonne pour qu'elle s'ajuste à la taille de l'item le plus long qu'elle contient. Les dates se rétrécissent jusqu'à afficher des formats moins verbeux. Cela était sensé fonctionner de façon intermittente sous Léopard. Mais, que Cocoa permette d'obtenir cette facilité pour la première fois, ou qu'il la fasse maintenant fonctionner correctement, c'est un changement bénéfique.
Les recherches utilisant la vue en colonnes du Finder ont été grandement facilitées par l'implémentation d'une de ces petites choses que beaucoup d'utilisateurs ont réclamé depuis des années. Il y a maintenant un réglage de préférences pour définir le champ par défaut de la recherche dans la barre d'outils de la fenêtre du Finder. Ça vous va ?
Enfin, l'espace de recherche est configurable dans le Finder (avec les options possibles)
Dans le même ordre d'idées, il y a des améliorations attendues depuis longtemps, qui vont efficacement contribuer à faire apparaître l'environnement de bureau plus robuste. Un bon exemple est la meilleure gestion de la fenêtre d'erreur tant redoutée "impossible d'éjecter, le disque est utilisé". La question évidente que se pose l'utilisateur, c'est "d'accord, mais qui l'utilise ?" Léopard des neiges fournit maintenant cette information.
Plus besoin de deviner...
(Et puis, Mac OS X refuse d'éjecter un disque si le répertoire courant dans une ligne de commande est situé sur ce disque. Une bonne chose normalement, mais qui peut être ennuyeuse).
Une autre réponse possible de l'utilisateur à l'erreur du disque en cours d'utilisation est "je m'en fous, je suis pressé, force l'éjection !". C'est maintenant une option.
Il est possible de forcer l'éjection du disque
Oui, mais pourquoi l'application gênante apparaît-elle dans une fenêtre de dialogue, et l'option pour forces l'éjection dans une autre, mais qu'aucune ne présente les deux choix possibles ? C'est un mystère pour moi, mais je suppose que c'est associé à l'information dont dispose le Finder sur le comportement du disque. (Comme cela a toujours été le cas, la commande lsof est disponible si vous voulez le savoir à la manière ancienne)
Hum...
Alors, le nouveau Finder Cocoa a-t-il finalement banni toutes ces bogues gênantes du bon vieux temps de Carbon ? Pas tout à fait. C'est la version 1.0 du Finder sous Cocoa, et elle récupère les bogues associés à toute version 1.0. En voilà une, découverte par Glen Aspeslagh (image à droite)
L'avez-vous vue ? Sinon, regardez bien l'ordre des dates dans la colonne "Date Modified". Eh oui, les mystères du vieux Finder n'ont pas encore été complètement éliminés.
Il y a aussi des bizarreries dans le fonctionnent de la matrice d'icônes. Dans une vue où l'affichage en icônes est actif (ou est permis temporairement par un glisser accompagné de la touche Commande), les icônes semblent terrifiés par les autres, au point de laisser une énorme distance entre elles et leurs voisines quand elles décident de se positionner sur la grille. C'est comme si le Finder vivait dans la peur fatale d'avoir à afficher un nom de fichier de 200 caractères qui pourrait se superposer à celui de son voisin.
La pire incarnation de ce comportement se produit sur la bordure droite de l'écran quand des volumes montés sont présents sur le bureau (Remarquons incidemment que ce n'est pas le comportement par défaut ; si vous voulez voir ces disques sur le bureau, vous devez autoriser cette préférence dans le Finder). Quand je monte un nouveau disque sur le bureau, je suis souvent surpris de l'endroit où il apparaît. S'il y a d'autres icônes proches du bord droit, le disque refuse de s'y placer. Là encore, le Finder ne cherche pas à éviter une superposition des noms ou des icônes. Il semble seulement éviter la possibilité d'une superposition, qui pourrait intervenir dans le futur. Idiot.
Au total, le Finder de Léopard des neiges a quelques avancées significatives : le support 64bits/Cocoa, quelques possibilités nouvelles et utiles, plus de poli, et seulement quelques pas en arrière avec l'utilisation un peu abusive de l'animation, et la présence permanente de quelques bogues gênantes. Si on considère le temps qu'il a fallu au Finder sous Carbon pour rassembler l'ensemble des caractéristiques et le niveau de finition obtenus avant Léopard des neiges, c'est un exploit pour le Finder Cocoa de se placer à la hauteur, ou de surpasser son prédécesseur dès la toute première version. Je suis sûr que les combattants Carbon contre Cocoa se seraient affrontés sur cette opinion, quand Carbon a été mis sur la touche par Léopard. Mais ce fut ainsi, et le vainqueur récupère le butin.